Laporte: sous le ministre, le promoteur malchanceux
Malversations financières, tentative d’extorsion, infraction au code électoral… Alors qu’on croyait la liste des mises en accusation de Bernard Laporte close, un nouveau chef d’inculpation vient compléter la collection du secrétaire d’Etat au Sports : « abus de confiance » ! La plainte, dont l'existence a été révélée par le JDD, a été déposée au parquet de Clermont-Ferrand le 19 janvier et porte sur les activités de la société LTB dans le Puy-de-Drôme.
Cette entreprise immobilière, dont Laporte est actionnaire, aurait perçu près d’un million d’euros pour la construction de deux immeubles qui aurait dû être achevée en 2006. Le premier bâtiment a été livré «dans un état pitoyable » et la construction du second arrêtée par manque de fonds, laissant sur le carreau les 61 particuliers qui avaient acheté sur plan les appartements promis au cœur de la station Super-Besse.
L’avocat de Laporte fait porter le chapeau à un associé de Laporte
Quant à la société LTB, elle a été placée en liquidation judiciaire. Elle laisse notamment 2,7 millions d’euros d’impayés dans une autre affaire immobilière : celle des « Rêveries du lac », dans la Drôme, où une soixantaine de propriétaires ont été lésés.
Mais une fois de plus, Laporte espère bien sortir indemne de l’enquête engagée par police judiciaire de Clermond-Ferrand en se défaussant sur ses camarades d’investissements : « M. Laporte n'y est pour rien: il est un actionnaire dormant dans cette société », insiste déjà Me Versini-Campinchi, avocat du secrétaire d'Etat aux Sports, qui juge que son client est victime des agissements… du dirigeant de la société, Martin Trigano !
Sarkozy à la rescousse ?
Ce dernier, pdg d’Elite Premier, l’autre société impliquée dans l’affaire, semble donc être pris comme bouc émissaire. Une défense dont Bernard Laporte est coutumier : dans une interview accordé à l'Equipe magazine en octobre 2007, ce dernier avait ainsi rejeté l’accusation de violation du code électoral lors des élections législatives à Teich (en Gironde) sur Didier Demonchy, son associé dans ses affaires immobilières sur la côte Atlantique.
Bref, Bernard Laporte a besoin de se faire un peu oublier. Une bonne raison pour prendre quelques vacances à Tahiti et à Val d’Isère. Mais, même à distance, l’affaire risque d’embarrasser l’exécutif. Pas sûr que Nicolas Sarkozy ait le temps « d’accorder sa confiance » au secrétaire d’Etat, coincé entre les retombées de la crise économique et l’affaire Kouchner. Peut-être l’occasion de laisser enfin la justice enquêter sur les aventures immobilières de M. Laporte, en attendant que les juges d’instruction soient supprimés !
Lundi 09 Février 2009 - 18:18
Sylvain Lapoix
Source: Marianne2