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8 septembre 2009

La langue du capital : Mise à nu par ses locuteurs mêmes

de Raoul Vilette

  • Broché: 297 pages
  • Editeur : Les Nuits Rouges (20 août 2009)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2913112374
  • Politiciens de tous les partis, journalistes de tous les médias, fabricants et marchands de toutes les nuisances, universitaires de toutes obédiences, communicants, sondeurs, chefs syndicalistes... pratiquent un langage particulier qui oscille constamment entre l'odieux et le ridicule. Qu'ils enjolivent les réalités, les travestissent, les noircissent ou en épuisent le sens à force de répétitions, les mots de ce sabir sont forgés en conformité avec les intérêts des possédants. Aujourd'hui, il s'est mondialisé sous le double effet de l'unification économique menée sous la bannière du libéralisme et de l'essor prodigieux des télécommunications — avec pour conséquence la fusion des espaces politique et médiatique. De sorte que le politico-médiatique n'est plus aujourd'hui que la section française de la langue mondiale du capital, dont les concepts et les mots, issus principalement de l'anglais, se retrouvent dans tous les idiomes, copiés tels quels ou adaptés. Ce lexique avait paru une première fois en 1997 le titre : Les Mots du marché / Le Marché des mots. La présente édition comporte quelque 630 définitions - dont 280 nouvelles ; les autres ayant été actualisées — et 900 citations, toutes issues de la première décennie du XXIe siècle. Par définition, n'entendons pas bien sûr la révélation du « vrai sens » des mots, mais l'indication de leurs modalités d'emploi, ce qui suffira à restituer les réalités qu'ils recouvrent. Nos jugements nous appartiennent, mais on verra qu'ils sont corroborés par les citations prises aux sources les plus autorisées de la parole médiatique, dont la juxtaposition produit d'ailleurs un effet comique constant.

    ---------------------------------------------

    Ce lexique du langage politique contemporain tel qu’il est pratiqué dans l’appareil médiatique avait paru voici douze ans sous le titre, en forme de chiasme : Le Marché des mots/Les Mots du marché. Constatant que les interprétations que nous avions données de ces mots ont été largement confirmées par la marche du monde, nous donnons à cette version actualisée, révisée et fortement augmentée, son titre naturel : La Langue du Capital. Que la classe politiquement dirigeante et économiquement possédante contrôle le langage en usage dans l’espace politique est une conséquence évidente de sa domination sociale. Les choses étaient plus difficiles à démêler dans la France du XIXe siècle, période marquée par d’âpres conflits au sein de la bourgeoisie. On percevait d’emblée les différences phraséologiques et lexicales entre les feuilles légitimistes ou bonapartistes et les journaux radicaux, par exemple. L’élection de députés ouvriers et socialistes au tournant du XXe siècle a encore élargi l’éventail de la politique et de la presse. La liberté politique et de la presse est alors à son zénith. Mais, depuis, elle n’a fait que se réduire, s’accélérant dans ses dernières décennies avec l’écrasement des mouvements insurrectionnels dans les pays tropicaux, l’amadouement de la classe ouvrière dans les pays industrialisés et enfin l’effondrement des régimes réputés socialistes.

    D’accord sur l’essentiel, acteurs et commentateurs de la politique (les deux fonctions tendant à se confondre), tiennent des discours convergents et utilisent logiquement un lexique commun, forgé pour l’essentiel au cours des années Thatcher-Reagan-Mitterrand, dans les années fastes du pseudo-libéralisme économique – en fait piloté de bout en bout par les Etats. Son usage a été encore renforcé par le développement prodigieux des télécommunications, lui-même surmultiplié ces dernières années par celui de l’internet. Ce qui a considérablement élargi la scène politique, jusque-là confinée dans les murs du parlement.

    Ce déplacement et cet agrandissement ont eu cette autre conséquence de rapprocher encore les personnels politique et journalistique. Certes, les lois semblent toujours se voter dans des assemblées élues, mais l’essentiel du débat (quand l’exécutif a décidé qu’il pouvait avoir lieu) se déroule préalablement sur les plateaux des télés, dans les studios des radios et les colonnes des journaux. De ce fait, la langue politique, devenue politico-médiatique, s’est en quelque sorte vulgarisée, employée naturellement par tout un chacun dès lors qu’il s’agit de « gérer » ou de « négocier » quelque chose, quelque part. Ce qui n’empêche que ce sabir (terme qui s’impose vu la grande diversité de ses sources) soit aussi régulièrement critiqué pour son obscurité, ainsi que pour l’ambiguïté ou l’imprécision de ses concepts. Et cela par ses pratiquants mêmes qui affirment à tout propos leur horreur de « la langue de bois », terme qu’ils appliquaient jadis au marxisme institutionnalisé, et par extension – et paradoxalement – à toutes les expressions langagières un peu franches et rebelles. Coluche résumait cela très bien dans sa description du fort décrié « technocrate » des années 1970 : « C’est un gars, quand il a fini de te répondre, tu sais plus la question que tu lui as posée… »

    Certains vont plus loin : l’ancien ministre mitterrandien Mélenchon regrettait au printemps 2009, alors qu’il avait pris une posture très à gauche, que « les chefs politiques parlent une langue étrangère, tellement loin de la réalité ». D’autres reprennent le terme orwellien de...

    Lire la suite sur le site de l'éditeur:

    http://les.nuits.rouges.free.fr/spip.php?article30

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