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Journal d'un citoyen
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3 mars 2009

Divorce entre le Crif et la gauche

Pas de Marie-George Buffet donc. La patronne du PCF a été privée, hier soir, du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), pour avoir participé aux manifestations contre l’offensive israélienne sur Gaza. Dans le Parisien de dimanche, Richard Prasquier, le président du Crif, justifiait cette non-invitation-sanction par «la présence de certains politiques que cela ne semble pas déranger», dont «Besancenot, Marie-George Buffet, beaucoup de Verts…»,dans des défilés «contrôlés par les éléments islamistes les plus durs», où l’«on entend des manifestants crier "mort aux juifs !" ou brandir des banderoles assimilant croix gammée et étoile de David».

«Les familles de Justes sont très nombreuses au sein du PCF qui s’est toujours battu contre le racisme et l’antisémitisme», lui a répondu, hier, la responsable PCF. Selon elle, Richard Prasquier «fait une confusion». «Il y a une situation au Moyen-Orient, avec le comportement inadmissible du gouvernement israélien, mais aussi la lutte formidable des pacifistes israéliens et la résistance courageuse du peuple palestinien pour obtenir un Etat. Et puis, il y a la communauté juive en France et l’histoire du Parti communiste qui a toujours été aux côtés des juifs de France dans la résistance contre l’occupant nazi.»

«Injures». Entre le Crif et la gauche non-socialiste, le divorce est-il consommé ? Lors d’un précédent dîner, le 27 janvier 2003, les choses avaient déjà failli mal tourner : dans son discours, le président du Crif, à l’époque Roger Cukierman, avait dénoncé une «alliance brun-vert-rouge» antisémite, provoquant le départ de Gilles Lemaire, alors secrétaire national des Verts et un dépôt de plainte de la LCR pour «injures». Avec les Verts, des discussions s’en sont suivies, qui ont permis un rabibochage. L’année dernière, Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a été conviée aux agapes. Mais pas cette année : «J’ai vérifié partout qu’on n’ait pas égaré le carton, il semble qu’on n’ait pas été invités.» Martine Billard, députée (Verts) de Paris, et habituée du dîner du Crif, n’a pas reçu non plus de carton : «J’imagine que, comme le Parti communiste, on paie le fait d’avoir participé aux manifestations contre l’intervention israélienne à Gaza.»Autre absent : Olivier Besancenot. Mais là, c’est le contraire qui aurait été une surprise. «L’ancienne LCR n’a jamais été invitée, et on y serait jamais allés», s’esclaffe Alain Krivine.

Hier soir, le seul représentant de la gauche était donc le PS. Martine Aubry s’était excusée pour cause de déplacement au Maroc. Benoît Hamon, le porte-parole du PS, représentait officiellement son organisation. Alors, solidaire de la camarade Buffet, le responsable PS ? En paroles, oui : «Je regrette que Marie-George n’ait pas été invitée. Je ne crois pas que l’on puisse déceler le moindre soupçon ou la moindre ambiguïté dans son engagement contre l’antisémitisme.»l’occasion se présente, je dirai aux dirigeants du Crif que je ne comprends pas que Mme Buffet n’ait pas été conviée».

«Dérive». Pour le Crif, les manifestations contre la politique israélienne sont responsables de la recrudescence des actes antisémites. Le fait est qu’ils ont fortement augmenté début 2009, et que cela coïncide avec l’offensive lancée par Israël sur Gaza. Selon des chiffres établis conjointement par le ministère de l’Intérieur et le service de protection de la communauté juive du Crif, rendus publics hier, 352 faits (à 70 % des menaces écrites, verbales ou gestuelles) ont été observés en janvier contre 459 pour toute l’année 2008 et 462 en 2007. Chacun craignant désormais que le pic de 2004, où 974 actes antisémites avaient été recensés, soit de nouveau atteint.

Pour les exclus du dîner d’hier, le Crif porte une part de responsabilité dans cette situation. Martine Billard reproche ainsi aux responsables juifs de «faire un trait d’égalité entre Israël et les juifs» et de «prêter ainsi le flanc à cette dérive, hélas, d’antisémitisme inadmissible».Cécile Duflot les accuse, «avec ce type de polémique, de jouer avec le feu», ce qui est, selon elle, «totalement irresponsable».

de CATHERINE COROLLER

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