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Journal d'un citoyen
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26 février 2009

On ne la fait pas à Domota

par Anaëlle Verzaux

Bakchich a rencontré Elie Domota, le leader du LKP. Il explique les revendications des Guadeloupéens et comment certains essaient de décrédibiliser le mouvement de révolte né à Pointe-à-Pitre.

Interview d’Ellie Domota, porte-parole du collectif LKP

Réalisée mardi 24 février 2009, avec l’émission « Là-bas si j’y suis » (France Inter)

Comment traduisez-vous le mot Pwofitasyon ?(utilisé à l’envi par les grèvistes)

Par Surexploitation

Où en est-on des négociations ?

Nous attendons la réponse du Medef et surtout de l’Etat. L’Etat peut très bien aider les entreprises du privé à développer leur activité et à maintenir les emplois. C’est ce qu’il a toujours fait ! Avec les lois Perben par exemple.

Si ces propositions d’accord sur les 200 euros sont acceptées, pour vous, la grève est terminée ?

Non. Il y a d’autres problèmes à régler, comme la baisse du prix du transport, l’éducation, la formation, etc.

Et nous nous méfions ici des propositions orales du gouvernement : nous sommes habitués aux belles annonces qui finalement tombent à plat. Il faut que des propositions soient signées avec les administrations pour la formation des jeunes notamment. A Pointe-à-Pitre, vous avez 40 à 50 jeunes, qui sont connus, et qui, sans formation, sans emploi, traînent dans les rues.

200 euros, cela représente beaucoup d’argent par rapport à ce qui a été donné aux banques ?

Des queues de cerise ! En Guadeloupe, seules 80 000 personnes sont concernées, ce qui représente de 100 000 à 150 000 mille d’euros.

Les organisations syndicales et les collectifs qui composent le LKP sont de gauche, voire d’extrême gauche. Comment expliquez-vous le soutien massif des Guadeloupéens au LKP ?

49 structures composent le LKP. En fait, elles ne sont pas forcément syndicales ou politiques, ni forcément de gauche ou d’extrême gauche. Il y a de tout, y compris des personnes affiliées à l’UMP ! Le LKP est la voix de toutes les voix. Ce qui nous a fédérés, c’est la pauvreté dans laquelle vivent la majorité des Guadeloupéens.

Le LKP ne se posepas la question de l’Indépendance

La Guadeloupe n’est pas un pays pauvre…

Si on regarde le PIB par habitant, on est riche. Mais il y a un vrai problème de répartition des richesses.

Ellie Domota, on vous reproche souvent d’être un indépendantiste.

L’UGPG s’est positionnée pour l’indépendance de la Guadeloupe. Mais dans le cadre du LKP, la question n’est pas posée.

Et pour le moment, on est en loin : 85 % des Guadeloupéens ne souhaitent pas l’indépendance de la Guadeloupe.

Y a il un racisme anti-blanc, ou un rejet des blancs en Guadeloupe ?

Pas du tout. Depuis 400 ans, nous vivons mélangés entre blancs, noirs, métisses, puis avec les Indiens, les Syriens et les Libanais. Le racisme anti-blancs n’existe pas. Par contre il y a une volonté de décrédibiliser les mouvement en le plaçant sur le champ de l’indépendance ou sur le terrain racial.

La différence entre les blancs et les noirs ou les métisses, c’est leur statut social, en général plus élevé chez les blancs.

Quand Yves Jégo est venu, j’ai apprécié quand il m’a dit : « Monsieur Domota, j’ai vu l’ensemble des chefs de service. J’ai vu qui décide et qui discute. Il faut changer cela ! »

Ce n’est pas normal de voir un hôtel dirigé par un groupe suédois, employer à hauteur de 90 %, du personnel suédois et seulement 10 % de Guadeloupéens. Surtout dans un pays où il y a 25 % de chômage.

Un taux de chômage exorbitant, surtout chez les jeunes (56 % des 16 - 24 ans), qui n’empêche pas les Guadeloupéens d’être des champions de la consommation.

Nous sommes une colonie de consommation. Nous avons certainement le magasin Carrefour le plus grand d’Europe.

Le LKP se bat pour que que notre production agricole aille vers une autonomie alimentaire.

Pourtant, les prix sont beaucoup plus élevés en Guadeloupe que dans l’hexagone.

Oui ! On nous dit souvent que si les prix ici sont beaucoup plus élevés, c’est à cause du passage de la mer. Mais ce coût ne devrait pas pas dépasser 15 % du prix du produit. Or, aujourd’hui, il oscille entre 30 et 45 %. Des gens se mettent de l’argent dans les poches.

S’il y a une branche qui fonctionne bien en Guadeloupe, c’est le tourisme. Pensez-vous qu’il faille le développer ?

C’est une branche qu’il faut développer, vers deux directions. Vers la petite hôtellerie verte et vers l’hôtellerie de luxe. Mais il est impensable de faire en Guadeloupe un tourisme de masse, tel qu’il existe à Saint Domingue ou à Cuba, où, du fait des constructions de qualité médiocre, le moindre cyclone provoque des centaine de morts.

La vie ne sera jamais plus comme avant

Après la grève, il faudra que la transition politique soit assurée. Pensez-vous en être l’acteur principal ?

Non. La transition politique ne m’intéresse pas. Je laisse la place à ceux qui la veulent. La seule chose qui me préoccupe, c’est d’améliorer la vie des Guadeloupéens.

Pensez-vous être une « maladie » qui se transmet ?

On l’espère.

Les négociations reprennent. Si vous n’êtes pas satisfait de ses résultats, combien de temps pensez-vous tenir encore ?

La grève est dure, certains grévistes ne touchent pas leur salaire, il est difficile de circuler, par moment difficile aussi de trouver de quoi manger.

Mais nous sommes dans l’impossibilité de revenir en arrière. Je crois que tout le monde a bien compris que le but était de changer la vie des Guadeloupéens.

La vie ne sera jamais plus comme avant.

http://www.lkp-gwa.org/

Source: Bakchich.info

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